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Obligation de certification extérieure en anglais : c’est coûteux, inutile, et indécent.
mardi 21 avril 2020, par
Il y a déjà plusieurs mois, le gouvernement avait indiqué vouloir "offrir" à tous les étudiants une certification en anglais. En principe c’est gratuit pour les étudiants ; la seule obligation serait de faire acte de présence, puisqu’il n’y aurait aucun niveau requis pour l’obtention du diplôme (dans l’annonce gouvernementale, au moins). Comme dans Blanche-Neige, il faut se méfier des cadeaux empoisonnés. Même si c’est gratuit, les effets pervers sont nombreux.
La loi de finances 2020 prévoyait « la mise en place d’une certification en langue anglaise pour tous les étudiants ». Divers syndicats et associations de spécialistes avaient alerté sur les dangers d’un tel dispositif, imposé sans concertation avec les professionnels de l’enseignement supérieur. Au niveau politique, notre mouvement avait publié uncommuniqué ; des parlementaires avaient posé des questions au gouvernement, sans réponse à ce jour. Mais c’était il y a quelques mois, à une époque où l’on anticipait une croissance économique, et où l’on pouvait penser que l’État pourrait financer sans problème cette mesure.
Les temps ont changé. Le coronavirus a entraîné une forte récession de l’économie française et des échanges internationaux. Les finances publiques sont si dégradées qu’une loi de finances rectificative est en train d’être votée, et les optimistes prévoient un déficit budgétaire de 8% du PIB, portant la dette de l’État à des niveaux inconnus.
Pendant ce temps, alors que nos concitoyens essaient de faire front et de lutter ensemble contre l’épidémie, le Ministère de l’Enseignement supérieur vient de publier deux décrets étendant cette obligation de passation de certification externe en anglais aux étudiants delicence, de DUT et de BTS.
Les arguments précédents contre ces mesures sont toujours valables :
* Les examens devraient être organisés et validés par les pouvoirs publics, et non par des officines étrangères, qui peuvent changer à leur guise les modalités d’examen.
* Le confinement des étudiants dans le bachotage de TOEIC/TOEFL les enferme dans une vision stéréotypée d’une langue unique, sans les préparer à vivre la diversité du monde de demain.
* Imposer la langue anglo-américaine est contraire à l’objectif de plurilinguisme de l’Union européenne. La France veut-elle une Union européenne unie, libre et démocratique ?
Mais la crise du COVID 19 demande encore plus fortement un changement de politique :
* Le déficit public impose une meilleure gestion de l’argent public. Payer des organismes extérieurs alors que des examinateurs sont disponibles dans les services publics d’éducation est une aberration.
* La coopération avec nos voisins européens nécessite une communication directe avec eux, donc la connaissance de leurs langues.
* L’union nationale, nécessaire pour lutter contre la maladie par des mesures collectives, demande que le gouvernement ne fasse pas fi des demandes des parlementaires, représentants du peuple français, oudes enseignants, au contact des étudiants et devant assurer leur formation. Publier ces décrets maintenant, alors que l’urgence est de permettre aux étudiants de terminer l’année scolaire, c’est indécent.
C’est pourquoi nous demandons au Ministère de l’Enseignement supérieur de renoncer à ces décrets, et de préparer une vraie politique linguistique, permettant aux enfants, aux jeunes et aux adultes de mieux comprendre le monde qui les entoure.
Pierre Dieumegard, président de Europe-Démocratie-Espéranto (EDE-France)
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