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Elisabeth, candidate en Île-de-France
mercredi 18 mars 2009, par
Elisabeth Barbay, tête de liste de la circonscription Île-de-France, répond à quelques questions.
Q. A quels types de discrimination linguistique sont confrontés les Européens ?
Elisabeth. Nous constatons que - dans l’indifférence générale, malheureusement - la discrimination linguistique s’applique maintenant dans tous les domaines.
La discrimination à l’embauche se fait en faveur de personnes anglophones, même à compétences inférieures dans la spécialité recherchée.
Les travaux scientifiques sont reconnus et validés uniquement via leur traduction en anglais (aux frais des chercheurs ou au prix d’une douzaine d’années d’étude approfondie de « la langue ») et les non-anglophones sont confrontés au mépris de leurs collègues.
Dans de nombreuses entreprises, alors que rien ne le justifie, les employés sont dans l’obligation de travailler en anglais ou sur des logiciels en anglais, ou encore sur du matériel dont les modes d’emploi sont en anglais. C’est contre-productif. Souvent même, notamment en milieu hospitalier et dans l’aviation, cet usage s’est révélé extrêmement dangereux.
On assiste à la généralisation des cours dispensés en anglais dans presque toutes les universités et grandes écoles, au mépris des élèves locaux et des professeurs qui ne peuvent exprimer tout leur potentiel à travers une langue étrangère.
Le choix des langues enseignées s’avère de plus en plus maigre et de plus en plus précocement orienté vers le seul anglais. Chaque année, des postes d’enseignants de langues autres que l’anglais sont supprimés.
Bref, tout est mis en œuvre pour que chacun en arrive à la conclusion que « l’anglais est la langue des maîtres » et que « hors de l’anglais, point de salut ».
Le mouvement Europe Démocratie Espéranto propose d’en finir avec ces injustices par la mise en place d’une législation adaptée, qui prenne en compte équitablement toutes les langues d’Europe, sans favoriser les locuteurs d’une ou de plusieurs « grandes langues », mais toujours dans le plus grand respect de la langue locale ou nationale.
Concrètement, que proposez-vous pour faire cesser ces discriminations ?
Elisabeth. Le rapport de l’économiste François Grin, paru en septembre 2005 et obstinément passé sous silence par les media, a nettement mis en évidence les inconvénients économiques de l’usage généralisé de la langue anglaise dans la communauté européenne. Il s’agit d’un véritable « impôt linguistique » : François Grin estime à 25 milliards d’euros, le tribut que payent chaque année, à leur insu, les citoyens de pays non-anglophones à la Grande Bretagne. D’autre part, l’influence hégémonique d’une langue sur les autres, conduit à un appauvrissement, une perte de la diversité culturelle.
Pour corriger ce grave déséquilibre, Europe Démocratie Espéranto propose un système performant, à la fois plus équitable et plus économique, car il convient de rendre sa juste place à chaque langue d’Europe ; non seulement à nos langues nationales ou officielles mais aussi aux langues identitaires de nos régions.
Europe Démocratie Espéranto préconise l’adoption d’une langue neutre de communication. La mise en œuvre de cette simple proposition permettrait d’économiser des milliards d’euros (bien plus utiles dans les domaines de la santé publique, de l’enseignement, de la recherche sur les énergies renouvelables…), tout en améliorant grandement l’efficacité et le confort de la communication, tant au niveau des instances européennes que des citoyens comme vous et moi.
Chez Europe Démocratie Espéranto, qui est historiquement le premier véritable parti européen, nous connaissons bien les avantages de l’espéranto, que nous utilisons quotidiennement, et notamment avec nos homologues EDE des autres pays. Testée in vivo pendant plus de 120 ans et actuellement l’une des langues les plus utilisées sur Internet, (conf. Wikipedia où il occupe la 19e place sur 250 langues représentées), l’espéranto est sans aucun doute la langue la mieux adaptée aux échanges internationaux.
Quel serait l’avantage pour les citoyens européens ?
Elisabeth. De nombreuses questions d’ampleur européenne, si ce n’est mondiale, nécessiteraient de larges débats internationaux, une concertation et une entraide entre citoyens de différents pays… Évoquons par exemple les revendications contre la culture des OGM ou pour l’abolition des bombes à fragmentation… Pour quelles raisons est-il si long et difficile de venir à bout de tels problèmes alors que tant de personnes sont conscientes des solutions à y apporter ? Tout simplement, chacun se sent impuissant parce que isolé ; isolé par la barrière des langues. Bien sûr, « il y a l’anglais », mais il faut se rendre à l’évidence : bien peu de militants sont en mesure de s’exprimer en public dans cette langue, ce qui limite sévèrement le nombre des personnes qui osent prendre la parole pour défendre leurs idées. Parfois, le ridicule peut tuer… l’efficacité.
Mettre à la disposition des militants de tous bords une langue internationale équitable, rapide à apprendre et accessible à tous, c’est ce que veut proposer Europe Démocratie Espéranto afin que les gens puissent s’unir, débattre et agir ensemble pour de « grandes causes ». On peut dire que l’espéranto est un outil au service de la démocratie.
Concernant l’enseignement des langues étrangères, où en est-on aujourd’hui ?
Elisabeth. En raison de l’hégémonie de plus en plus criante de la langue anglaise, nous assistons, dans le domaine de l’enseignement, à une situation de plus en plus injuste. Dès le plus jeune âge (5ans, ou même plus tôt encore), on cherche à inculquer l’anglais aux bambins en croyant bien faire, en pensant que c’est pour leur bien, alors qu’en réalité, il s’agit d’en faire de parfaits futurs consommateurs et des travailleurs « mobiles », capables de se plier sans protester aux contraintes de l’emploi globalisé. Mais il ne faut pas oublier que cet apprentissage précoce se fait toujours au détriment de la langue maternelle (ou de la langue locale), dont la maîtrise est pourtant essentielle à la construction de la personnalité. Il est à noter que l’anglais est la langue qui produit le plus de dyslexiques. Et, que penser des jeunes Suédois qui, dit-on, possèdent la meilleure maîtrise de l’anglais par rapport à l’ensemble des élèves européens (non-anglophones à la base) ? Il s’avère qu’ils sont archi-nuls en suédois : pas capables de lire correctement ni de tenir une conversation sans truffer leurs phrases de mots et d’expressions en (mauvais) anglais, pour la bonne raison qu’ils ne connaissent pas les équivalents dans leur propre langue ! Est-ce ce que nous souhaitons pour nos enfants ?
Le « choix » des langues enseignées est de plus en plus restreint. Chaque année, des postes d’enseignants de langues autres que l’anglais sont supprimés. Et qui n’a pas été témoin de manœuvres sournoises pour orienter une poignée de futurs élèves de 6e vers l’anglais, alors qu’ils avaient spontanément choisi l’allemand ou pire, l’italien ! Encore une fois, on prône en haut lieu le multilinguisme, mettant en avant la diversité culturelle de l’Europe comme une richesse, et prétendant favoriser les échanges entre les jeunes, mais les « bonnes intentions » sont démenties par les faits : le ministre Darcos veut « faire de la France une nation bilingue ». L’inertie et la politique de l’autruche sont de rigueur dans le domaine de l’apprentissage des langues, de la maternelle jusqu’à l’université et même au-delà, laissant la domination de l’anglais se renforcer inexorablement.
Quelle solution envisagez-vous pour remédier à cette situation ?
Elisabeth. Connaissant les nombreux avantages de la langue internationale, sa grande rapidité d’apprentissage, sa neutralité, sa souplesse d’utilisation et sa faculté de faciliter l’apprentissage ultérieur d’autres langues étrangères, Europe Démocratie Espéranto souhaite que l’espéranto soit mis à la disposition de tous.
S’agit-il d’un « droit de s’exprimer », que vous proposez pour les Européens ?
Elisabeth. Oui, exactement ! Pour que chacun puisse se libérer des énormes contraintes de l’actuel régime linguistique, Europe Démocratie Espéranto revendique l’accès pour tous à une communication internationale neutre et équitable. Ce devrait être un droit pour chaque écolier, dès qu’il maîtrise la lecture et l’écriture dans sa propre langue, soit vers l’âge de 8/9 ans. De même pour les collégiens, les lycéens (option espéranto au bac), les étudiants de toutes spécialités, ainsi que pour les députés au Parlement Européen et pour toute personne qui souhaiterait faire l’apprentissage de l’espéranto pour des raisons personnelles ou professionnelles.
En proposant l’espéranto, Europe Démocratie Espéranto veut poser les bases d’une Europe réellement démocratique où chaque citoyen aura le Droit de Parole.
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