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Le BREXIT rouvre le débat sur la démocratie linguistique en Europe.

lundi 27 juin 2016, par Pierre

Ce référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne (U.E.), dont le résultat devra être respecté, est un indicateur de la crise de la démocratie en Europe. Cette crise est aussi linguistique. Depuis les élargissements de 1995 et 2005, la place du tout anglais n’a cessé de croître, au détriment de l’équité linguistique, non seulement à la Banque Centrale Européenne, mais aussi dans les documents préparatoires et les sites institutionnels de la Commission Européenne.

L’anglais serait-il connu de tous ? Selon les données Eurobaromètre de 2012 reprises dans « Le débat sur les langues en 15 questions » de l’économiste des langues François Grin (question n° 9) 7% de ceux qui savent l’anglais comme langue étrangère le savent « très bien », et 17% le savent « bien ». Mais 12% n’ont que des bases d’anglais et 64% des Européens ne le savent pas du tout. Et ceci, malgré plusieurs milliers d’heures de travail consacrées à l’anglais en moyenne par chaque Européen.

Les réactions d’abstention ou de rejet des politiques européennes actuelles qui sont aujourd’hui fortes pourraient être liées aussi à un sentiment de dépossession et de dépendance linguistiques.
Comment faire pour améliorer la démocratie linguistique en Europe ?.
Devons-nous accepter de payer pour l’hégémonie linguistique de grandes puissances extérieures à l’Union Européenne ou hostiles à son approfondissement ? Doit-on supprimer le pluralisme au moins des grandes langues pour les documents préparatoires et les sites de la Commission ? La réponse à ces deux questions est non pour ceux qui veulent améliorer la démocratie européenne.

En outre, le recours à la langue internationale auxiliaire neutre espéranto devrait être au moins testé. Parlée dans les différents pays de l’U.E., équitable, avec un vocabulaire à base européenne, elle est cinq à dix fois plus rapide à apprendre que l’anglais et peut être étudiée en autodidacte sur Internet, (site Lernu.net dans les différentes langues européennes) Elle a été reconnue comme une langue pont efficace et précise. Pourquoi alors ne pas l’expérimenter dans ce rôle, ce qui permettrait de vérifier la qualité des traductions à partir des grandes langues utilisées dans l’U.E., surtout l’anglais ?

De plus l’étude de l’espéranto améliore nettement l’efficacité de l’apprentissage des autres langues. Il pourrait être enseigné au préalable, en première langue deux, quelques dizaines d’heures à chacun dans les écoles primaires européennes.
Il pourrait ainsi contribuer à consolider la solidarité et l’indépendance européennes dans une période difficile. Les citoyens européens doivent pouvoir échanger par une langue commune équitable, notamment sur leur démocratie, au-delà de la barrière des langues.

Bernard Cornevin

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