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Ils ont eu à choisir entre les migrants et le déshonneur, ils ont choisi le déshonneur, mais ils auront quand même les migrants.

dimanche 8 mai 2016, par Pierre

Le 9 mai est la « journée de l’Europe », en mémoire du 9 mai 1950, jour de la « déclaration Schuman », qui proclamait « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. »

En ce printemps 2016, les « réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait » semblent bien oubliées. La crise des migrants amène dans l’Union européenne des dizaines de milliers de personnes, et cette Union montre son impuissance, aussi bien pour les accepter que pour les rejeter.

Si nos gouvernants choisissaient de les accepter, il faudrait qu’ils acceptent aussi d’investir des sommes considérables dans leur accueil, leur transport dans les différents pays, leur logement, l’enseignement des langues et des cultures des pays d’accueil. Si nos gouvernants choisissaient de les rejeter, il faudrait qu’ils acceptent aussi d’investir des sommes semblables pour les emprisonner, les garder, les transporter dans des pays extérieurs à l’Union.

Mais les dirigeants de l’Union européenne ne sont pas capables de choisir. Ils ont conclu un accord avec le gouvernement turc dans l’espoir que celui-ci arrêtera le flux des migrants, mais cet accord est d’une part inepte arithmétiquement, d’autre part inadapté à la gravité de la situation, et enfin contraire aux principes fondateurs de l’Union.

Il est inepte, parce que l’accord est « un pour un »  : pour chaque Syrien entré illégalement dans l’Union et renvoyé, un autre sera accepté légalement  : une coopération entre les candidats peut aboutir à tous les faire passer légalement à condition qu’ils aient aussi fait une tentative illégale.

Il est inadapté à la gravité de la situation, parce que l’accord inepte précédent n’est valable que pour 72000 personnes : beaucoup plus sont déjà entrés dans l’Union, et beaucoup plus veulent le faire dès que possible.

Il est contraire aux principes fondateurs de l’Union européenne, parce que le traité de Lisbonne, qui régit en principe l’Union, proclame dans son article 2 « L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. ». Sous-traiter la gestion des réfugiés au gouvernement turc en échange d’argent et d’un assouplissement du régime de visas pour les ressortissants turcs est un marchandage peu glorieux.

En 1938, après les accords Hitler-Chamberlain-Daladier de Munich, Winston Churchill a dit « Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ». En 2016, nos gouvernants ont eu à choisir entre les migrants et le déshonneur, ils ont choisi le déshonneur, mais ils auront quand même les migrants.

La musique de l’hymne européen, l’Ode à la joie, ne sera pas vraiment d’actualité le 9 mai 2016.

Pierre Dieumegard, président de Europe Démocratie Espéranto (France), 06 65 778 668

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